Il y a chez Solo Niaré un effort d’appropriation du riche matériau puisé à la fois dans la tradition orale et dans l’actualité, en vue de l’inscrire dans une double démarche de fidélité (à une vision et à des valeurs données) et de créativité (vivifiante et féconde). Il parvient, ainsi, à surmonter la dichotomie entre le traditionnel et le moderne, en les articulant d’une manière originale. Les mots prononcés par Fily Dabo Sissoko en 1956 à la session budgétaire de l’Assemblée du Soudan, prennent ici tout leur sens : « La tradition est un courant de vie, constamment alimenté de sucs nouveaux, qui poursuit sa course irréversible vers son devenir ; elle est mouvement et nulle part le mouvement ne s’oppose au progrès. » C’est une attitude dynamique qui sort notre littérature orale des clichés réducteurs par une démarche constructive. Il importe donc de maintenir et d’approfondir cette logique d’appropriation à d’autres niveaux, en termes de communication et d’audience mais aussi de proximité .
Mamadou Bani Diallo, professeur d’université et critique littéraire.